Navettes autonomes : la phase d’industrialisation se dessine

Les navettes électriques autonomes tardent à se faire une vraie place sur le marché de la mobilité. Les visiteurs du salon RNTP de Clermont Ferrand ont pu emprunter un minibus autonome  pour parcourir les 300 mètres qui séparait le parking du centre des expositions, mais dans la vraie vie les navette autonome sont peu présentes dans notre quotidien. Depuis 10 ans c’est 150 expérimentations menées en France, et un peu plus de 400 à l’international.

Mais le bilan est en demi-teinte : les services de navettes n’ont pas trouvé leur clientèle, la voie n’est pas complètement libre, les sorties de route toujours possibles. Mais peu à peu, le marché se définit et les fournisseurs de navettes se lancent dans une phase d’industrialisation portée par de nombreux projets.

Les nombreuses expérimentations ont permis de trouver les cas d’usage promis à réussir :

1. Transport autonome de marchandises

Des navettes collectives, pas encore 100 % autonomes mais connectées, partagées et supervisées à bord puis progressivement, à distance. En soit, des lignes de transport public automatisées, les seules que défend depuis longtemps l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP). Mais ici aussi cela reste des expérimentations et non des lignes régulières. Alors que les objectifs du gouvernement dans sa stratégie nationale de développement de la mobilité routière automatisée et connectée prévoit plusieurs 100 de lignes connectées d’ici à 2030. Problème, la production en série a un cout élevé (plus de 300 000 euros). Pour cela, l’Etat avec BPI France accompagne financièrement les collectivités locales, et les acteurs du marché à passer au niveau supérieur.

  • Navya, racheté par Gaussin associé au Japonais Macina, mise plutôt sur le transport autonome de marchandise
  •  EasyMile se diversifient sur d’autres segments de marché, celui du transport de marchandises et de la logistique.
  • Milla, a passé un partenariat avec Carrefour pour faire de la livraison de courses alimentaires sur le plateau de Saclay (Yvelines). Équipée de box dans lesquels sont stockées les denrées, la navette « Milla Delivery » est géolocalisée par le client qui ouvre le casier à l’aide d’un code.

2.La promesse du rural et du rail

Un usage intéressant peut être trouvé dans le milieu rural, où les habitants n’ont pas d’autres choix que de prendre leur voiture au quotidien. C’est aussi des zones avec beaucoup de lignes ferroviaires abandonnées sur lesquelles des navettes autonomes pourraient se glisser. C’est ce que fait l’entreprise Milla qui travaille avec la SNCF sur le projet Flexy :  une navette électrique pouvant quitter les rails pour rejoindre le réseau routier et desservir les communes rurales. Avec un système de roues double fonction rail et route conçu en partenariat avec Michelin.

3.Tracteurs autonomes de valises

Les aéroports et leurs besoins pour le transport de bagages est aussi une opportunité pour ce type de véhicule. L’entreprise toulousaine EasyMile, avec ses navettes circulant depuis 2021 dans Toulouse sur le site du campus médical de l’Oncopole et sur celui de l’université Paul Sabatier, sur voies ouvertes et sans conducteur ni superviseur à bord. Elles peuvent aussi bien transporter des voyageurs que de s’occuper de logistique. Comme le TractEasy, un tracteur à bagages déjà opérationnel sur le tarmac de l’aéroport Toulouse-Blagnac. 

Mais les navettes autonomes ne sont pas encore totalement au point, elles utilisent un grands nombre de capteurs, des GPS, des lidars (télédétection par laser) pour se repérer sur la route, entrer sur un rond-point, ne pas freiner brusquement quand une feuille tombe d’un arbre et au moindre obstacle en général. Les expérimentations ont montrés que les surréactions des véhicules autonomes n’ont pas provoqué d’accidents mais plutôt allongé les temps de trajets, ce qui a pu repousser certains collectivités territoriales. Comme Ile-de-France Mobilités qui ne voulait plus lancer de nouvelles expérimentations, mais s’est finalement laissé convaincre par le Citybus de Milla. Celui qui vise la possibilité de circuler à 90 km/h sur autoroutes, avec 14 passagers, zéro chauffeur, ni superviseur.

Les expérimentations 

  • 428 expérimentations de navettes autonomes à l’international
  • 65 % en Europe 
  • 19 % en France
  • Moins d’un tiers de services ont été testés en territoire rural.
  • Les cas d’usage les plus fréquents sont des dessertes fines privées : entreprises, campus, aéroports), des sites publics en ville et dans le périurbain (zones piétonnes, quartiers) mais aussi la desserte du premier et dernier kilomètre, vers des hubs de mobilité.

A bord d’un Renault Master Bus E-electrique (véhicule du marché pour minimiser les coûts de développement) auxquels seront ajoutées les technologies de la conduite autonome. Le projet monté avec Vinci Autoroutes, l’opérateur de transport Lacroix Savac et l’université Gustave Eiffel pourrait se concrétiser en 2026 sur l’A10, entre Longvilliers (Yvelines) et la gare RER de Massy (Essonne).

Depuis 2023, une navette autonome de la RATP est testée entre les gares de Lyon, d’Austerlitz et de Bercy. Les lampadaires de Paris ont été équipés de capteurs avec des moyens de communication comme la 5G pour communiquer avec la navette. Une infrastructure connectée qui permettrait de gagner en fluidité et de circuler en milieu urbain dense. Il y toujours un opérateur à bord, mais il ne touche pas le volant.

En France, les premiers services 100 % autonomes et supervisés à distance sont prévus pour 2026-2027. 

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[VRT Magazine] | [23/02/24 ]