Fin des véhicules thermiques en 2035

Le 8 juin 2022, les eurodéputés se sont prononcés pour l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans toute l’Europe à partir de 2035. Seules les voitures de moins de 3,5t n’émettant pas de gaz à effet de serre à l’échappement pourraient être commercialisées après cette date.

La décision actuelle doit encore être négociée avec les différents pays de l’Union Européenne, mais Bruxelles cherche à interdire la mise sur le marché des voitures neuves à essence, diesel ou même hybrides. De nombreuses propositions, telles que l’intégration des e-Fuels, avaient été formulées dans les objectifs de réduction, mais elles ont été rejetées au motif que « les carburants synthétiques consomment trop d’électricité lors de leur production ».

Et c’est bien ce paradigme qui crispe les relations entre constructeurs et eurodéputés. Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de réduire l’empreinte carbone, c’est l’obligation de technologie qui scandalise certains. Pour l’ADAC, équivalent de l’Automobile Club en Allemagne, « l’électromobilité seule ne permettra pas d’atteindre les objectifs ambitieux de protection du climat dans le domaine des transports. C’est pourquoi il aurait été nécessaire d’ouvrir également une perspective pour le moteur à combustion dont le carburant est neutre pour le climat. »

En effet, le problème ne tient pas tant au moteur thermique qu’à ce que l’on met dedans pour créer la combustion. Pour Yves Cara, de l’ACA, « on sait faire du carburant liquide non-carboné. Même l’E85 est une solution avec seulement 15 % de pétrole dedans. Aussi, un moteur thermique à hydrogène fonctionne parfaitement en ne changeant que les injecteurs. Toutes les solutions seront bonnes pour décarboner, mais pas le tout électrique, ce n’est pas vrai. »

Afin d’atteindre les objectifs fixés, la proposition des eurodéputés prévoit le développement massif de l’infrastructure de recharge. Ainsi, des capacités de ravitaillement et de recharge seront installées à intervalles réguliers le long des grands axes routiers — il sera possible de recharger les véhicules électriques tous les 60 kilomètres, et une station-service à hydrogène sera installée tous les 150 kilomètres.

Du côté de l’industrie, c’est tout une chaîne de fabrication, de vente et d’usage qu’il va falloir repenser. 243 millions de véhicules sont actuellement immatriculés dans l’UE et leur âge moyen est de 11,5 ans. 9,9 millions de voitures particulières ont été vendues dans l’UE l’an passé. 25 % de toutes les voitures produites dans le monde proviennent de l’Union européenne dont 47,5 % sont à essence et 24,5 % utilisent des carburants alternatifs (PHEV, HEV et EV). En outre, 14,6 millions d’Européens travaillent dans l’industrie automobile, soit 6,7 % des emplois de l’UE, répartis dans 226 usines d’assemblage et de production de véhicules.

Le green deal de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aura donc de lourdes conséquences pour l’industrie automobile et les conducteurs, même si deux aspects restent à évaluer : la réaction des gouvernements à cette directive et la façon dont le réseau de charge va se développer. On sait par exemple que la France entend promouvoir, au-delà de 2035, les motorisations hybrides. En outre, si l’interdiction de vente de véhicules thermiques neufs semble actée, les voitures thermiques déjà en circulation seront toujours autorisées à rouler au moins jusqu’en 2050. Quant au réseau de charge, de gros efforts devront être réalisés : la France accuse un retard conséquent, avec seulement 60 000 points de charge déployés contre 100 000 promis fin 2021.

Source : lesnumeriques.com
Par David Lefevre |